ZFE-m : Faciliter les opérations de planification grâce à l’IA
Face aux ZFE-m, les transporteurs doivent s’adapter pour définir leurs plans de transport. Et si l’IA était la clé pour faciliter les opérations de planification ?
En ce début 2023, les Zones à Faibles Émissions (ZFE-m) sont au cœur de l’actualité. Qualifiées de “bombes à retardement”, voire de “bombes sociales” par certains politiques et journalistes, elles font débat. Elles sont bien accueillies pour leur impact positif sur la qualité de l’air, mais le remplacement de véhicules inquiète citoyens et professionnels. En ce qui concerne le secteur du transport, c’est un véritable bouleversement. Les transporteurs n’ont d’autres choix que de redoubler d’organisation afin de définir leurs plans de transport et gérer leur flotte de véhicules. Et si l’IA était la clé pour faciliter les opérations de planification ?
Déclinaison française d’un mouvement européen
Les ZFE-m sont nées d’un mouvement européen. En 2021, la France instaure la Loi Climat et Résilience et impose aux agglomérations de plus de 150 000 habitants de mettre en place une ZFE-m d’ici janvier 2025. Seuls les véhicules les moins polluants pourront circuler dans ces périmètres, régulés par les vignettes Crit’Air. Depuis le 1er janvier 2023 :
- 11 ZFE-m ont déjà été mises en place sur le territoire français
- 45 nouvelles vont voir le jour d’ici 2025
Le périmètre des ZFE-m est défini par les agglomérations elles-mêmes et les restrictions instaurées sont propres à chaque zone. Au niveau européen, les étapes sont précises en termes de fin de circulation de certains véhicules : Crit’Air 5 dès 2023, Crit’Air 4 dès 2024, Crit’Air 3 dès 2025.
Ces zones représentent un enjeu sanitaire et environnemental majeur. La qualité de l’air est un réel problème. Salon Santé Publique France, on compte chaque année 40 000 décès, dûs à la pollution aux particules fines. Pour y remédier, un réaménagement urbain est nécessaire au sein des différentes agglomérations, pour renouveler les places de stationnement et adapter l’aménagement des infrastructures de recharge, encore insuffisamment prêtes pour les véhicules lourds, par exemple. Une évolution des méthodes de verbalisation est également à prévoir afin de faire respecter ces zones. Acteurs privés et publics ont chacun des adaptations profondes sur lesquelles travailler pour répondre aux enjeux de ces zones et permettre conjointement la décongestion des villes et lutter contre le changement climatique.
Quand la décarbonation devient un dilemme pour les transporteurs
Bien conscients de leur rôle à jouer en termes de décarbonation, les transporteurs sont particulièrement contraints par les ZFE-m. Ces zones leur coûtent cher :
- d’un point de vue logistique : leur intégration dans les plans de transport représente un vrai casse-tête, une nouvelle contrainte à prendre en compte
- d’un point de vue économique : leur flotte de véhicules doit être renouvelé et un camion électrique peut coûter trois à quatre fois plus cher que son équivalent diesel
- d’un point de vue temporel : le renouvellement de la flotte peut prendre entre 10 et 24 mois.
Pour s’y retrouver, il est capital de disposer de règles lisibles et d’un calendrier précis, comme l’explique Sébastien Dortignac, Directeur Technique Véhicules, dans le BRAIN UP sur l’intégration des ZFE-m dans les plans de transport. Dans le cas de la métropole de Lyon, la lisibilité était claire jusqu’au 14 février 2023. Aujourd’hui, l’interdiction du diesel a été décalée de 2 ans, passant de 2026 à 2028. Comme l’explique l’Union TLF dans son livre blanc, 99% des poids lourds actuels sont à motorisation diesel et 47% seulement sont Crit’Air 2, l’urgence est concrète face aux différents calendriers de mise en application. Bien que le changement de motorisation soit perçu comme une solution incontournable, d’autres actions peuvent être mises en œuvre pour répondre de manière automatique à l’objectif des ZFE-m.
L’IA : un allié pour faciliter les opérations de planification, s’adapter et anticiper
Bien sûr, le changement passe par les nouveaux carburants, mais pas que. Le digital se fait une place dans un secteur toujours peu informatisé. Pourtant, des technologies comme l’Intelligence Artificielle peuvent faire la différence et répondre de manière rapide et automatique aux contraintes des ZFE-m.
Depuis la crise du Covid, le temps s’est accéléré et la supply chain a eu du mal à reprendre son souffle. Les planificateurs font constamment face à beaucoup d’incertitudes. Celles-ci les poussent à prendre des décisions dans l’urgence qui, finalement, ne sont pas les meilleures réponses aux enjeux actuels. L’instabilité s’intensifie.
Pour gérer ces nouveaux cas de figure, l’IA est en mesure d’apporter des solutions concrètes. Grâce à sa capacité à utiliser le maximum de contraintes possibles, l’Intelligence Artificielle peut proposer les scénarios les plus efficaces, en termes d’optimisation des coûts et de la consommation CO2. Ainsi, elle facilite les opérations de planification de manière considérable. Son avantage repose sur sa rapidité d’exécution. Dans un secteur où l’agilité est indispensable face aux fréquentes fluctuations, il faut être capable de répondre rapidement tout en prenant de bonnes décisions. L’’IA représente une épaule solide pour anticiper et s’adapter. Elle est capable de transformer durablement la supply chain aux côtés des transporteurs.
Et le cas des ZFE-m le prouve. Cette mesure va prendre de plus en plus d’ampleur aussi bien sur le territoire français, qu’au sein de l’Union Européenne. C’est une réalité concrète à laquelle le secteur doit répondre sur le long terme. Pour réduire la pollution en particules fines, la première chose à faire est donc de réduire le nombre de camions sur les routes. De fait, la pollution diminuera naturellement. Cette réduction du matériel nécessaire passe par la massification. L’IA devient un allié non négligeable pour les planificateurs, pour optimiser les plans de transports en prenant en compte toutes les contraintes imposées rapidement.
Dans ce contexte incertain et en constante mutation, la digitalisation apporte sa pierre à l’édifice aux côtés de transporteurs, pour leur permettre de faire face aux enjeux sanitaires et environnementaux. D’ici 2025, le secteur tout entier va devoir considérablement changer ses processus de travail pour être en mesure de suivre les réglementations pressantes des pouvoirs publics. Quand on sait que plus d’un quart des émissions de CO2 relève du transport en Europe, on ne peut nier la nécessité d’agir. Faire le choix de partenaires vertueux et de technologie reconnue est source d’amélioration. C’est un challenge massif, mais il est aujourd’hui possible de s’adapter continuellement, d’adopter un meilleur remplissage des camions et de tester des scénarios plus efficaces pour faciliter considérablement la planification des opérations et répondre concrètement aux nouvelles réglementations des ZFE-m.